CONCILIER GROSSESSE, MATERNITÉ ET EXERCICE LIBÉRAL : l’exemple de Carole, infirmière libérale dans l’Aveyron.
« Rien d’impossible, mais cela ne signifie pas pour autant que c’est facile ». Carole, infirmière libérale dans l’Aveyron, a accepté de partager sa récente expérience de femme enceinte, active et indépendante. Réjouissances, déconvenues et belles surprises, elle témoigne pour ILOMAG.
Sa petite fille Candice vient tout juste de souffler sa première bougie et, bien qu’elle ne s’en souviendra pas, était aux premières loges pour assister à ce qu’il convient d’appeler « une prouesse » de la part de sa maman, à savoir assurer presque jusqu’au terme de sa grossesse son quotidien d’infirmière libérale, sans renoncer -ou presque- à aucune mission ou type de soin… Et reprendre le chemin du travail pile poil dix semaines après son accouchement. « Je me suis absentée du cabinet trois mois jour pour jour », sourit Carole, évoquant le nécessaire retour rapide à l’activité professionnelle quand on est libérale, comme elle. Elle touche ainsi du doigt une autre des particularités des infirmières libérales : une prise en charge tellement faible par l’Assurance Maladie, qu’un arrêt plus long devient vite problématique pour la santé financière du foyer.
Deux grossesses, deux histoires
Carole Lamotte est l’heureuse maman de deux enfants et a vécu deux grossesses sereines d’un point de vue médical. « Mais au niveau du moral, ça a toutefois été très différent. Cette fois-ci, j’ai été très stressée », explique-t-elle. Des craintes concernant l’accouchement ? Non, elle a programmé la date comme la fois précédente. Mais alors, quelle est la raison de ce stress nouveau ? Sa situation professionnelle, répondra-t-elle. Elle explique : « J’ai eu mon premier enfant en 2012, deux ans après avoir démarré le libéral. J’étais donc en début d’activité et payais, conséquemment, moins d’impôts, de charges sociales, de cotisations CARPIMKO… M’arrêter trois ou quatre mois était moins impactant, en termes de sommes perdues. Six ans plus tard, ce n’était plus tout à fait la même histoire », sourit-t-elle, heureuse que sa grossesse se soit déroulée « à merveille » et lui ait permis de travailler jusqu’à ses huit mois. Qu’en aurait-il été si le repos forcé avait été imposé comme cela peut se produire dans certains cas ? Elle préfère ne pas savoir. Toujours est-il que, alors que toute salariée en pareille situation bénéficie, en France, de 16 semaines au total au titre de ses congés maternité, la situation a été légèrement différente pour Carole : « Hormis une indemnité journalière par la CPAM, mon revenu moyen n’était pas assuré. Et pas d’assurance pour assurer le maintien du revenu. La reprise s’est imposée », confie-t-elle.
L’organisation du remplacement
Pour anticiper son départ, une IDE aura été recrutée en CDI par le cabinet de huit infirmières au sein duquel Carole est collaboratrice. Infirmière qui, en rejoignant les effectifs, contribue à accompagner la croissance du cabinet. Le passage de relai se passe alors sans souci. « Le plus dur, en fait, aura été pour moi de laisser mes patients, aussi pro soit-elle », se souvient Carole, reconnaissant que le même sentiment de culpabilité la gagne même quand elle prend quelques jours de vacances.
Tenir le rythme jusqu’au bout
Tournées, soins, toilettes… Pour tenir le rythme jusqu’au bout sans renoncer à aucun soin (ou presque) et éviter tout risque sanitaire pour son bébé, Carole se sera astreinte à un régime alimentaire irréprochable : compléments vitaminés, cures de fer, alimentation équilibrée. « J’ai aussi fait une échographie par mois, par mesure de précaution », précise-t-elle, insistant sur sa volonté de n’écarter personne de sa tournée jusqu’à son dernier jour. La seule concession qu’elle se sera autorisée : ne pas s’aventurer trop en campagne pendant ses tournées les dernières semaines. Après l’accouchement et avant sa reprise professionnelle, c’est dans au sein de son cercle familial et privé, qu’elle aura tout sécurisé. Son conseil aux infirmières qui seront peut-être bientôt enceinte ou n’ont pas encore atteint le terme : s’organiser très en amont et ne pas attendre la naissance du bébé pour rechercher une assistante maternelle disponible 12h/jour. Passés ces quelques détails, tout roule-t-il alors comme avant ? « Pas vraiment, la fatigue s’est installée pour quelques mois », répond-t-elle, maintenant que la petite Candice lui autorise des nuits « plutôt correctes ».
Partager son expérience
Avec le recul et en comparant ses deux grossesses, Carole a décidé de faire bénéficier ses confrères et consœurs de ses observations sur le sujet. Elle a donc choisi, au sein de l’URPS Occitanie, de piloter une commission de travail sur la maternité, qui planche actuellement à la création d’un outil informatif visant à renseigner les IDEL enceintes sur les détails d’un parcours qui, s’il est bien sûr à considérer comme personnel, est si étroitement lié avec la réussite professionnelle, que l’URPS ne pouvait que soutenir ce projet. Plaquette, newsletter… Le support sortira en 2019 et l’Union ne manquera pas de vous informer.