La scène, qui semble irréelle, se joue ce week-end (samedi 31 août) du côté de Camplong, un petit village de l’Hérault. Un homme, sort son fusil de chasse et tire sur l’infirmier libéral qui est en train de prodiguer des soins à sa femme handicapée. Fort heureusement, le coup ne sera pas mortel et ses jours ne sont pas en danger. Notre confrère, touché à l’abdomen, a en effet réussi à se réfugier dans sa voiture avant d’appeler les secours et d’être hospitalisé à Béziers. La patiente, elle aussi, est saine et sauve et a été transférée dans un établissement de soins. Une expérience plus que traumatisante, puisque l’agresseur, seulement interpellé le lendemain à 5h du matin, s’était entretemps retranché à son domicile, menaçant de s’en prendre à sa compagne. Il aura fallu l’intervention d’un négociateur régional et du GIGN d’Orange (et plusieurs heures de négociation), pour maîtriser l’individu et l’envoyer en garde à vue.
Solidarité avec la famille et avec notre confrère / Secouée par l’annonce de ce fait-divers navrant, l’URPS Infirmiers Libéraux d’Occitanie ne peut qu’exprimer son plus grand soutien à notre confrère et l’assurer, lui et sa famille, de la solidarité de l’ensemble de ses pairs (17.000 professionnels) en Occitanie.
Son président, Jean-François Bouscarain, souhaite aussi réagir à cet événement en interrogeant les instances sanitaires et sociales, mais aussi la classe politique, locale comme nationale : « Faut-il sincèrement en arriver là pour que des décisions soient prises ? » Et de s’impatienter : « Quand est-ce que, enfin, les infirmières et infirmiers libéraux seront reconnu-e-s à leur juste valeur ?! Cet événement, qui aurait pu connaître une tournure bien plus tragique, rappelle l’engagement total de notre profession auprès des patients. Il souligne aussi notre place au cœur du système de soin, comme des familles de nombreux Français… et les risques trop souvent encourus par nous, acteur du premier recours ! Violemment agressé dans l’exercice de son art, notre confrère a su faire preuve de sang-froid et de courage, mais au prix de quel sacrifice ? Il ne se passe pas une semaine en France sans qu’un nouvel acte de violence ne vise un professionnel de santé en exercice à domicile. La banalisation de ces actes doit cesser ».
Banalisation des violences
Alors que le rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins fait apparaître en 2019 le nombre de déclarations d’incidents le plus élevé depuis la création de l’Observatoire en 2003, toutes les études réalisées depuis affichent une tendance alarmante : la hausse des violences constatée depuis plusieurs années s’applique de la même façon à toutes les professions de santé amenées à être consultées ou visitées (infirmières, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, etc.).
Une question de priorité
L’URPS s’interroge alors légitimement sur les assauts réguliers des régulateurs à l’encontre de notre profession. Economies, nouveaux modèles organisationnels, « servage » progressif des infirmiers libéraux au profit d’autres professions, apparition de nouveaux métiers aux compétences étrangement similaires aux nôtres… Il semble que sur des sujets d’ordre plus économique, les idées ne manquent pas.
« Il serait temps d’envoyer aux infirmiers libéraux un témoignage de confiance et des signes de reconnaissance. Chevilles ouvrières du système de soin français, je rappelle que les professionnels libéraux, infirmiers en tête, sont essentiels à notre bien-être à tous. La remise en question de notre exercice et le morcellement caché de nos prérogatives est une autre forme de violence à notre encontre. Et sur ce sujet aussi, nous ferons bloc. Déjà autonomes sur de nombreux sujets, on dirait que pour survivre, les IDEL vont encore devoir se prendre en main. L’exemple de ce week-end en est une bien triste illustration… »