L’année 2024 marque pour la profession infirmière, en France, un virage !
Attendue depuis plusieurs années et annoncée dès 2022 par Olivier Véran, la réforme de la profession infirmière est désormais en chemin et en passe d’aboutir. Aussi, cette année témoigne d’une part de l’ambition politique portée pour renforcer la place et le rôle des infirmiers dans les lieux de soins ; et d’autre part, de l’élan professionnel collectif pour redimensionner le champ de la pratique.
En effet, début 2024 et après plus d’une vingtaine de réunions de travail hebdomadaires, des représentants infirmiers de terrain ont œuvré pour construire avec l’administration centrale, le nouveau périmètre pour l’ensemble de la profession et quels que soient les secteurs et ainsi élaborer les référentiels d’activités et de compétences rénovés, fondement de l’architecture pédagogique en cours de discussion.
En outre, et bien au-delà de ces travaux techniques, c’est le nouveau premier ministre qui souligne lors de son discours de politique générale, sa volonté de présenter une loi infirmière devant le Parlement. Si 2024 est un premier temps fort pour la profession, il est donc à augurer que 2025 le sera tout autant, voire davantage et c’est une perspective enthousiasmante !
L’image de la profession se construit. Vous qui portez la parole infirmière, la représentez à plusieurs niveaux, auprès d’instances de diverses envergures, que diriez-vous de cette dernière ?
L’évolution infirmière française a fait l’objet d’un long et historique parcours de reconnaissance. Une route sinueuse et entravée se dévoilant à chaque étape, le prix de ces évolutions est fixé soit par des intentions externes à la profession, soit par la nécessaire démonstration de la capacité infirmière à justifier son expertise clinique indiscutable. Soutenue par les positions unanimes des organisations internationales plaidant en faveur de la profession, celle-ci est devenue un acteur majeur et incontournable pour garantir une couverture sanitaire universelle à l’ensemble des populations, notamment en allant vers elles.
Que ce soit dans le domaine de la promotion de la santé, des soins primaires, ou dans le domaine de l’expertise technique infirmière et de son raisonnement, tous les aspects spécifiques de la profession sont recherchés ! Il convient donc d’affirmer que le moment est des plus opportuns pour que la profession prenne ouvertement son destin en mains sans attendre qu’on l’y autorise. Et c’est bien ce que j’observe depuis plusieurs années et ce phénomène encourageant ne peut qu’être le gage d’un avenir prometteur.
Quel visage souhaitez-vous pour cette Loi infirmière à venir, en France ?
Une première et inédite proposition de loi avait déjà été rédigée pour une visée parlementaire avant l’été 2024. Celle-ci présentait une définition générale pour la profession dans laquelle s’insérait la notion de consultation infirmière et de diagnostic ainsi que des interventions en soins infirmiers. Il est à espérer que la prochaine proposition portée par le gouvernement s’appuiera sur ces grands concepts structurels pour la profession tout en affirmant la place de la décision infirmière dans la pratique. Par ailleurs, ce texte législatif positionnera pour la première fois les grandes missions de la profession. A l’heure où le système français et ses fondements se trouvent dans une situation délicate et je pèse mes mots, ce qui me parait essentiel est que la loi infirmière rende enfin visible le rôle spécifique et le mandat social de la profession au bénéfice de la population et de l’interdisciplinarité.
Rendez-vous le 21 novembre lors du 10 Forum URPS, à Carcassonne.